Je viens de terminer...
J'avoue que je suis un peu déçue.
Certes, l'auteur présente avec clarté les méthodes qui ont permis d'alphabétiser la France entière et ont permis la réussite de l'école publique, depuis Jules Ferry jusqu'en 1960, dans une société déjà assez peu réceptive à l'importance de l'école (les travaux agricoles et les nécessités vitales, prenant le pas sur le plaisir du savoir).
Je m'attendais toutefois à une analyse plus approfondie de ce qui la différencie de l'école d'aujourd'hui (la présentation se terminant par : Et nous permet d'en tirer de belles leçons...) ses missions fondamentales étant les mêmes que de nos jours : savoir lire, écrire, compter. Des moyens employés pour arriver à réaliser ces objectifs, il n'en parle que très peu...
"Elle avait une mission à accomplir ; elle s'y employait par tous les moyens. Carotte ou bâton, petit âne, il faut passer le pont. Telle aurait pu être sa devise cachée."
Oui, il explique bien que les instituteurs ne renonçaient jamais à ce que tous les élèves arrivent à savoir lire, écrire et compter et qu'ils ne lâchaient jamais dans la nature, un élève qui n'y serait pas arrivé. Mais peut-être encore moins que de nos jours, ils n'avaient de moyen pour obliger les élèves à une assiduité sans faille. L'importance et la place données à l'école dépendaient beaucoup du milieu familial d'origine.
Je vous livre ces quelques extraits qui m'ont bien plu...
"1 On affrontait les difficultés sans les sous-estimer ni sans en avoir peur. Une expression populaire peint bien la détermination de l'école et de ses maîtres : Arrive qui plante, ce sont des choux ;
2 On apportait aux élèves toute l'aide qu'on jugeait nécessaire, sans se draper dans des états d'âme respectables mais paralysants ;
3 On veillait à finir ce qu'on avait commencé. La règle aurait pu s'énoncer ainsi : tu apprends aujourd'hui ce que tu dois savoir aujourd'hui. On ne disait pas : tant pis pour toi, tu aurais dû l'apprendre plus tôt. Encore moins : tu seras obligé de l'apprendre plus tard. Tu te débrouilleras;
4 On s'opposait sans relâche à la conduite évasive de certains élèves. Il s'agit de la façon dont certains élèves effectuent leur travail scolaire, mêlant évitement, fatalisme, résignation... Ceux-là se résignent à une insuffisance assimilée et devenue partie intégrante de leur image d'eux-mêmes. Un fait archi connu : muni d'un savoir confus et vague, l'enfant s'habitue à vivoter sur ce bagage."
Les deuxième, troisième et quatrième parties du livre (les trois quarts du livre) recensent les domaines de savoirs qui étaient alors privilégiés ainsi que les ouvrages et méthodes utilisées :
en français
- prédominance de la lecture à haute voix (de sa fluidité naîtra naturellement la compréhension) ; la lecture silencieuse s'adressant aux élèves de fin de primaire.
- accent mis sur la maîtrise de l'orthographe et du vocabulaire (dans une France où on parle encore de nombreux patois, quoi de plus normal...)
- le compte-rendu d'observation basé sur l'observation sensorielle organisée ; la rédaction étant un exercice réservé aux plus âgés
- entraînement de la mémoire par la récitation
en mathématiques
- accent mis sur la maîtrise des unités de mesure, des tables, les problèmes d'arithmétique...
- la grande place réservée au calcul mental et au procédé La Martinière
Mais tout cet inventaire, mérite-t-il de porter le titre "Les secrets de l'école d'autrefois" ; où sont les secrets?
J'ai toutefois retenu une autre réflexion de l'auteur...
"Depuis des decennies, l'école ne souffre pas d'un manque, mais d'un excès de pédagogie."
Peut-être n'a-t-il pas tout à fait tort ?